En 2013, une
étude identifiait du dioxyde de titane dans le sucre en poudre des
célèbres donuts de Dunkin'Brands. Deux ans plus tard, l'entreprise
américaine vient d'annoncer qu'elle renonce à utiliser ces nanoparticules comme
agent de blanchiment dans ses confiseries. Le résultat d'une pression
menée par l'ONG As You Sow.
Oakland, 5 mars 2015. Communiqué d'As You Sow : « Dunkin'Brands,
la compagnie mère de la chaîne Dunkin'Donuts, a accepté d'enlever
le dioxyde de titane, un agent blanchissant qui est une source
répandue de nanoparticules, de tout le sucre en poudre qu'elle
utilise pour faire ses confiseries « donuts ». En
conséquence de ce progrès, le groupe de pression As You Sow a
retiré sa proposition de résolution actionnariale, qui demandait à
Dunkin ' d'évaluer et de réduire les risques d'utiliser des
nanomatériaux dans ses produits alimentaires ».
Alors qu'en France,
l'utilisation de nanoparticules doit faire l'objet d'un
enregistrement auprès des autorités, sous certaines conditions, aux
Etats-Unis, l'usage de nanoparticules n'est absolument pas réglementé
et les entreprises ont donc tout loisir d'ajouter des nanoparticules
dans leurs produits, sans devoir informer le consommateur. Pour y
voir plus clair, en 2013, l'association As You Sow a réalisé une
étude, Slipping
Through the Cracks: An Issue Brief on Nanomaterials in Food sur la présence de nanoparticules dans l'agro-alimentaire.
Parmi les 2500 entreprises interrogées sur leur utilisation de
nanoparticules, 26 ont répondu.
Dans le cadre de cette étude,
As You Sow a aussi commandé des tests auprès de laboratoires
indépendants, pour évaluer la présence de nano TiO2 (dioxyde de
titane) dans deux types de donuts.
« Les tests ont révélé
des nanoparticules d'une taille égale ou inférieure à 10
nanomètres. (…) Sans qu'on sache si ces particules ont été
ajoutées spécifiquement ou si elles sont un sous-produit de
procédés de fabrication ».
Précisément, le laboratoire
a identifié du titane, à des concentrations allant de 19 à 75
parties par million (ppm), après avoir réalisé une série de
filtrages sur des échantillons de sucre en poudre. La présence du
titane est un indicateur probable de TiO2, puisque, d'après As You
Sow, « le dioxyde de titane est la seule forme de titane
possible (« allowed ») dans la nourriture ». Quel
est le problème ? Le titane, bien qu'il soit considéré comme
biocompatible (inoffensif) dans les implants dentaires, pourrait,
sous sa forme « minuscule », être beaucoup moins
accommodant : des tests de génotoxicité ont par exemple montré
des lésions sur l'ADN de cellules humaines, selon le CNAM.
En 2011, dans la
foulée d'une étude franco-suisse sur ce nanomatériau, le
professeur Jürg Tschopp déclarait au magazine Que Choisir qu'
« avec le dioxyde de titane, on se retrouve dans la même
situation qu’avec l’amiante il y a 40 ans ». Cette molécule est classée depuis 2006 comme "cancérigène possible" par le Centre international de recherche sur le cancer, une institution qui dépend de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
C'est à la suite de son
étude en 2013, qu'As you Sow avait décidé de faire pression sur le premier
fabricant de donuts aux Etats-Unis. Comment ? En mobilisant les actionnaires de l'entreprise, c'est ce qu'on appelle en
France l'engagement actionnarial. Ces efforts ont porté leurs fruits, puisque Dunkin Donuts vient d'annoncer, dans un courrier du 25 février 2015 à l'association, avoir
« reformulé le sucre en poudre utilisé dans les dunkin'
donuts pour ôter le dioxyde de titane ». Les pâtisseries nouvelle version devraient arriver dans les étals prochainement.
En 2013, la France est devenu le premier pays d'Europe à avoir mis en place un dispositif obligatoire de déclaration des substances à l’état nanoparticulaire. Ce dispositif est visible sur le site r-nano.fr Mais pour l'instant il ne permet pas au consommateur lambda de savoir quels sont les produits et les marques qui embarquent des nanoparticules.
Il y a bientôt dix ans que des scientifiques ont demandé une réévaluation du risque du dioxyde de titane sur la santé humaine. Plusieurs études toxicologiques seraient en cours sur le sujet.
Crédit photos : Eric Lewis et Mike Mozart (Flickr, creative commons)
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